Retrait du mental.
La liberté intérieure repose sur l'absence de saisies, dont notamment l'absence d'identification au mental. En réalité nous ne sommes pas celui qui pense en nous. Ce penseur, le mental, est un outil merveilleux que nous devrions utiliser uniquement lorsque c'est nécessaire. Mais ce n'est pas le cas : pouvons-nous, à volonté, faire cesser l'activité mentale ? Il s'avère que non. Le mental a pris le dessus. Il n'est plus un serviteur, mais un maître contraignant. Il nous entraîne malgré nous dans un brouhaha intérieur tout au long de la journée, masquant ainsi la détente et le bien-être de notre nature profonde. Il prend tant de place que nous en sommes arrivés à accepter la croyance que notre mental, c'est nous-même. Nous en sommes venus à définir notre identité en fonction de ce que nous pensons : "mes opinions, mes jugements, mes croyances etc., tout cela c'est moi". Erreur, qui malheureusement nous confine à des limitations et un mal-être permanent : peurs, désirs non comblés, nostalgie du passé, inquiétudes quant à l'avenir, impossibilité de vivre pleinement le présent... Comme un voile, le mental recouvre notre véritable nature, la cache et nous la rend inaccessible.
Se placer en retrait du mental, en observateur des pensées permet de court-circuiter leur flot incessant. Peu à peu celui-ci se ralentit, marque des arrêts et peut aller jusqu'à se tarir si l'on persévère. Le mental cède la place à une attention vigilante et détachée, suspendue dans l'instant présent : la conscience immédiate, porte ouverte à un champ de conscience plus vaste et plus profond. N'étant plus dans un mode de fonctionnement mental, on entre alors dans le vaste domaine du perçu, du ressenti, du direct, des expériences intuitives diverses et de la connaissance. Dans ces divers états plus profonds, tout ce qui surgit à la conscience doit être reconnu sans être saisi pour soi-même. Reconnaître sans saisir, comme nous le faisions auparavant avec les pensées.