Méditer sur les sons
Selon le calme mental : les sons qui surviennent sont pris comme support de concentration.
L'attention est volontairement extravertie et dirigée vers les sons. L'idéal serait de rester dans la seule perception des sons au fur et à mesure qu'ils surviennent sans émettre aucune pensée. C'est la conscience auditive qui est en jeu. Si le son perçu est identifié (chant d'oiseau, grincement de porte, passage d'une voiture, etc.), on n'est déjà plus dans la conscience auditive seule. Des concepts subtils sont apparus qui font partie de la conscience mentale. Cependant on n'a pas encore de pensées très élaborées. C'est en général à ce niveau que se situe notre méditation dépourvue de pensées. Lorsque survient un discours mental relatif à ces sons perçus, on est entré dans l'agitation mentale que l'on doit reconnaître au plus vite et faire cesser. En prévention de cette agitation, l'attention portée aux sons doit être vive de sorte qu'on est capable de reconnaître la venue d'une pensée. La pensée indique qu'il y a une saisie sous-jacente : notre mental réagit au son, s'implique. Le lâcher-prise permet de rester dans la perception pure.
Selon la vue pénétrante, l'interdépendance est la preuve de l'absence de réalité.
Prenons l'exemple des sons. Deux objets qui se percutent produisent un son. L'espace et l'air ambiant permettent de véhiculer l'onde sonore. L'organe sensoriel, l'oreille, reçoit le son. La conscience auditive le perçoit. C'est la réunion de tous ces éléments (eux-mêmes constitués de divers éléments) qui nous permet de percevoir le son. Etant donné que le son tient son existence (toute relative) de l'interconnexion de ces divers éléments, dans l'absolu il est sans existence propre : il n'a pas de réalité inhérente et indépendante. Il suffit de séparer ces éléments pour que le son ne se produise plus.
Selon le repos en l'état naturel, on ne s'accroche pas aux sons divers qui surviennent continuellement.
L'attention n'est pas extravertie vers les sons. On ne cherche pas non plus à ne pas les entendre. On se contente de ne pas les saisir. Ainsi, il n'est plus nécessaire de se trouver dans un lieu silencieux pour pouvoir méditer. Notre silence intérieur, issu de l'absence de pensées et de saisie, constitue la meilleure condition à notre méditation. Avec ou sans sons, la conscience repose en elle-même.