Essence et voiles

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Notre nature fondamentale est vide et lumineuse, autrement-dit sans saisie et connaissante.
Elle est là à chaque instant. Pourquoi ne la reconnaissons-nous pas ? A cause de la saisie.

D'où et comment vient cette saisie ? Prenons l'exemple d'un ciel bleu parfaitement limpide pour symboliser notre nature vide et lumineuse.
Dans ce ciel à chaque instant un peu d'humidité peut se densifier pour former un début de nuage. Ce nuage symbolise la saisie. Ce léger agglomérat d'humidité est sans force et peut être instantanément dissipé par la chaleur, ainsi le nuage ne se forme pas. Par contre si l'humidité réussit à s'accumuler suffisamment, un nuage survient et perdure, la naissance de l'égo individualisé. A chaque instant, nous avons donc ce choix de laisser la tendance à saisir se solidifier ou de la résorber en l'état originel sans saisie. A chaque instant, peut se manifester soit la nature fondamentale vide et lumineuse, soit la saisie égocentrique. Etre assis en méditation donne les meilleures conditions pour observer ce jeu de la coémergence : lequel des deux va l'emporter ? On parle de co-émergence car à chaque instant se présentent ensemble les deux possibilités, avec ou sans saisie, avec ou sans éveil, avec ou sans ignorance.

Notre entraînement consiste à faire diminuer la tendance à saisir, pour re-joindre notre nature essentielle.
Celle-ci (à force d'un long entraînement à la saisie !) est maintenant complètement cachée à notre vision spirituelle. Elle est recouverte par des couches d'aveuglement que nous nommons "voiles" et qu'il nous faut enlever un à un.
- On s'exerce à enlever le voile des actes (voile du karma), le voile le plus grossier : toutes nos activités physiques, verbales et mentales devraient être justes, de manière à ne pas laisser de traces qui perpétuent les cycles de souffrances : conflits, ruminations, émotions...
- On s'exerce à enlever le voile des émotions. Pour ne citer que les principales : la stupidité, l'orgueil, le désir, la colère, la jalousie. Si elles apparaissent, on les reconnaît et on y remédie.
- On s'exerce à enlever le voile des pensées (concepts mentaux). Les pensées effectuent la communication, le va et vient entre le sujet et l'objet. Chaque pensée qui naît est reconnue et libérée grâce à l'absence de saisie.
- On s'exerce à enlever le voile des tendances : notre grande habitude à saisir, la force de la saisie. On s'exerce donc au lâcher-prise.
- On s'exerce finalement à enlever le voile de l'ignorance, le plus subtil. L'ignorance est la méconnaissance de notre vraie nature vide et lumineuse. Du fait de tenir pour réels le sujet et l'objet, on s'engage dans la saisie. Ce voile n'est pas différent de la saisie elle-même : la saisie d'un je (le sujet), la saisie d'un autre (l'objet), la saisie des moindres émotions et pensées, tout cela constitue la saisie dualiste.
Enlever progressivement tous ces voiles met à découvert l'essence-même vide et lumineuse de l'esprit.

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