Vers l'esprit unifié

---

Extrait d'un chant de Milarèpa :

"S'accrocher à la matérialité de l'esprit est cause de samsara. Sans s'attacher aux évidences, si l'on reconnaît sa propre réalité comme étant spontanément créée, l'on aborde aux frontières de la concentration unique."

Commentaire. Cet extrait fait partie d'un chant qui détaille les expériences de l'esprit naturel, le mahamoudra. Cela comprend quatre étapes : l'esprit unifié, l'absence d'élaborations, l'unique saveur et la non-méditation. La première, nommée dans ce chant concentration unique, recouvre les états d'absorption méditative qui préparent à une toute première expérience ou vision de la réalité ultime, la vacuité. Première mais complète. L'esprit unifié est une période d'intense aspiration à connaître l'ultime, durant laquelle on se dégage des émotions, des concepts mentaux et de toute saisie. Les termes "s'accrocher" et "s'attacher" désignent les actes mentaux de s'identifier à, de s'investir dans, de tenir pour réel, en bref de saisir. La matérialité de l'esprit est le fait de tenir pour réellement existantes les pensées, les émotions et toutes formes d'évènement de l'esprit. De surcroît, on solidifie aussi la nature tout à fait intangible de celui qui opère cette saisie, le "je". Chaque pensée tenue pour réelle laisse une empreinte dans la conscience de base et devient ainsi une cause de cycles internes, le samsara. Les évidences désignent les apparences, toute chose perçue par les sens ou le mental. La vue pénétrante nous a appris comment toutes ces apparences sont illusoires, sont à la fois apparentes et sans réalité. Ne plus saisir les apparences en tant que réelles ouvre à la compréhension puis à la vision de la réalité absolue, principalement celle de notre propre esprit, car de la compréhension que notre esprit est sans réalité découle naturellement la compréhension que tous les objets qu'il saisit sont sans réalité. Dans cet état sans aucune saisie où il suffit juste de reconnaître la nature absolue, tout ce qui se produit alors semble advenir de façon spontanée car non reliée au passé et au futur. Cette création spontanée est un dynamisme illusoire qui ne bouscule pas la concentration. Nos empreintes karmiques s'épuisent ainsi. En persévérant dans cette concentration du calme mental uni à la vue pénétrante (calme sans saisie), l'apaisement s'accroît jusqu'à devenir parachevé. C'est ce qu'on appelle 'l'esprit en un point", la concentration unique, l'esprit unifié... la première étape du mahamoudra.

---

Comments

[Le draveur]

Bien, excellent commentaire sur cette strophe* de Dorjè gyaltsen !



Bien cordialement.

G. M.

(*manque les références de l'ouvrage et la page, dommage)