Vers la nature de l'esprit 1

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Lorsque l’esprit s’examine lui-même, que peut-il apprendre sur sa propre nature ? La première 
chose qu’il constate est que d’innombrables pensées suscitées par nos sensations, nos 
souvenirs ou notre imagination traversent continuellement notre esprit, presque à notre insu. 
Mais n’y a-t-il pas aussi une conscience première, toujours présente derrière ce mouvement, 
même en l’absence de pensées, une présence que l’on pourrait appeler la faculté fondamentale 
qu’a l’esprit de connaître ou d’être conscient ? Que deviennent les pensées sans cette faculté 
de les reconnaître ? Pensées et conscience sont intimement liées. Cependant la conscience 
peut se passer des pensées, alors que les pensées n'existent plus pour personne sans la 
conscience.

En observant sans relâche, on ne peut manquer de faire l’expérience de cette présence éveillée 
et de la façon dont les pensées surgissent en elle. Si on scrute attentivement les pensées, 
peut-on leur attribuer une quelconque caractéristique, une existence réelle ? Où se trouvent-elles ? 
Ont-elles une couleur ou une forme ? On aura beau chercher, on ne trouvera au bout du compte 
que cette faculté de connaître que nous venons de mentionner, mais pas de réalité en soi. 
Les pensées sont vides d’existence propre.

A quoi peut nous servir cette notion de vacuité des pensées, d'absence de réalité des pensées ? 
Lorsqu’une pensée ou une émotion comme la colère surgit dans notre esprit, que se passe-t-il 
d’habitude ? Nous nous laissons submerger. Cette pensée prend de l’ampleur et donne lieu à 
de nombreuses autres pensées qui nous perturbent, nous aveuglent et nous incitent à prononcer 
certaines paroles ou à commettre certains actes, parfois violents, qui font souffrir les autres et 
deviennent souvent pour nous une source de regret. Or il est possible, au lieu de laisser cette 
réaction en chaîne se produire, d’examiner les pensées et reconnaître qu'elles n’ont pas la réalité 
solide qu’on leur prêtait. Ainsi il sera possible de se libérer de leur emprise.
Il y a un autre avantage à percevoir la nature vide des pensées. Si l’on comprend que les pensées 
surgissent de la conscience éveillée, l’esprit fondamental, puis s’y résorbent, comme les vagues 
émergent de l’océan pour s’y dissoudre à nouveau, on a fait un grand pas vers la paix intérieure, 
car les pensées ont perdu une grande partie de leur pouvoir de nuire.

Pour nous familiariser avec cette méthode, lorsqu’une pensée surgit dans notre esprit, essayons 
de voir d’où elle vient, et quand elle disparaît, demandons-nous où elle est partie. Durant le bref 
laps de temps où les pensées passées ont disparu et les pensées futures ne se sont pas encore 
manifestées, observons alors la nature de notre esprit. Ne percevons-nous pas une pure 
conscience lumineuse, inaltérée par nos constructions mentales ? Elle existe donc, d’une 
certaine façon, mais, à part cela, que peut-on en dire ? Examinons-la par un regard direct. 
En procédant de la sorte, nous apprendrons peu à peu, par l’expérience directe, à connaître la 
nature de l’esprit.

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