Le gardien du phare

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Vigilance ! Sans elle, la méditation vacille, surtout celle du calme mental. Lorsque nous débutons en méditation, nous l'utilisons déjà mais elle reste un automatisme pas très conscient (vestige du " Fais attention !"), que nous allons clarifier. Il faut distinguer deux sortes de vigilances : le rappel et l'observation (ou vigilance du rappel et vigilance du discernement).

Supposons que le support de concentration soit l'océan. En tant que gardien de phare, votre travail consiste à surveiller : surveiller l'état de la mer et la navigation, surveiller la météo et la visibilité et aussi allumer les feux du phare et le garder en bon état de fonctionnement. Le gardien de phare est la vigilance de l'observation, en d'autres termes le veilleur, le spectateur, le témoin. Qu'est-ce qu'il surveille ? Il observe comment est la concentration et comment est l'esprit qui se concentre. Il observe l'esprit pour repérer s'il reste stable (attention continue) et clair (la conscience est présente) ou au contraire s'il est distrait (agitation) ou engourdi (torpeur). Il fait l'état des lieux d'instant en instant. C'est lui qui "reconnaît" l'apparition d'une pensée (Tiens, un bateau ! ). L'action de reconnaître est essentielle pour ne pas perdre le fil de la conscience (ne pas se laisser mener en bateau par les pensées diverses). Cette reconnaissance ponctuelle permet ensuite de réagir. Sans elle, pas moyen de réajuster la méditation. La vigilance de l'observation s'apparente à la clarté et au sujet qui médite. Elle met en lumière comment est notre esprit en ce moment.

La principale préoccupation du gardien de phare est la mer qui l'entoure. Il n'est pas gardien de zoo ou de musée. Etant donné que le support de concentration est l'océan, son esprit est uniquement occupé à l'océan et rien d'autre. Même quand il n'est pas en train de l'examiner en détails (agitation ou torpeur subtiles), il sait toujours en son for intérieur qu'il est entouré par l'océan. Cette préoccupation permanente est le rappel. Le rappel est à l'oeuvre dans deux situations. Lorsque la concentration est bonne, le rappel consiste à garder l'attention fixée sur le support. L'attention reste ainsi non-interrompue. C'est la stabilité mentale. Lorsqu'une distraction ou un instant d'oubli surviennent, le rappel consiste à réagir pour ramener l'attention sur le support. La vigilance du rappel s'apparente à la stabilité et à l'objet de méditation. Elle nous ancre dans l'objet.

Exemple de réajustement :

On reste stablement fixé sur l'objet de concentration. Le rappel est présent. L'observation note que l'esprit est concentré.

Une distraction survient : le rappel est absent mais l'observation reconnaît clairement que le sujet est distrait.

Le rappel, à nouveau présent, ravive le souvenir de l'objet de concentration. L'observation note que l'esprit est à nouveau concentré.

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