Chant sur l'état naturel

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Chant de Chaouaripa à Maitripa sur le mahamoudra

 Le samsara(1) et le nirvana(2) 
 sont indifférenciés, tout comme l'eau et les vagues.
 Le Bouddha(3) et les êtres(4) sont indifférenciés.
 tout comme un poison frappé par un mantra qui le rend vertueux.

 La nature de l'esprit est unique, néanmoins toutes sortes d'apparences s'y élèvent,
 tout comme le cristal qui, en différentes circonstances, change de couleur.
 Les différentes choses qui apparaissent dans notre esprit sont l'esprit-même,
 tout comme la totalité de l'eau de l'océan a la saveur du sel.

 Si on abandonne les choses réelles et imaginaires, alors on arrive à l'esprit originel,
 de même qu'aucunes traces ne restent dans le ciel après le passage d'un un oiseau.

 De même qu'une unique petite lampe peut dissiper mille ans d'obscurité profonde,
 l'épaisseur de la colère, de l'attachement et de l'ignorance (samsara)
 est instantanément éliminée lorsque l'on réalise la nature de l'esprit.

 En joignant par le yoga les moyens et la sagesse,
 Les souffrances des vagues de pensées (samsara) sont pacifiées.

 De même qu'un joyau ne change jamais, 
 qu'il soit placé dans une eau limpide ou une eau souillée,
 l'esprit reste omniprésent, omnipénétrant, informel, sans aller ni venue.

 Dès que la réalisation du mahamoudra est née,
 on reconnaît que l'esprit est semblable à l'espace vaste et omnipénétrant.
Il est semblable au ciel, clair et sans pensées discursives,
 et, bien qu'il y ait des apparences, celles-ci sont sans nature, 
 tout comme le reflet de la lune sur l'eau.

 Tout comme un arc-en-ciel, l'esprit est clair mais insaisissable.
 Il est inexprimable comme la félicité d'une jouvencelle.
 Il ne peut être localisé, est dénué d'orientation, 
 illimité et pur comme un cristal.
 

 L'esprit sans espoir ni crainte est semblable à un lion.
 L'esprit de grande félicité est comme un fleuve ininterrompu.
 Cet esprit est semblable à la lumière du soleil et de la lune 
 qui brillent sur tout de façon impartiale.
 Quelle merveille, que ce soit spontané est fantastique !

 Neldjorpa, laisse l'esprit dans son état naturel.
 Dans cet état, ne produis aucun artifice.
 Cet état sans artifice est le Dharmakaya(6).
 Par la faute de produire des artifices, tu ne verras pas la voie des Nobles(7).
 Par conséquent, laisse ton "éléphant" d'esprit se promener librement sans le contraindre.

 Si tu sais faire cela, c'est le cœur, l'union à l'état naturel ;
 sans avoir à pratiquer, on obtient le fruit(8) du Bouddha ;
 sans faire quoique ce soit, on détient les actions difficiles(9); 
 sans pratiquer, on obtient réellement les accomplissements.

 Sans méditer, le fruit du sens est obtenu ;
 Les trois devenirs(10) sont libres depuis toujours ;
 donc nul besoin d'abandonner ou d'accomplir.

 Notes :étant donné que ce texte s'adresse à des méditants,
 le sens intérieur de ces mots est plus adapté. 
 1- samsara : les cycles internes sans fin,les pensées, etc.
 2- nirvana : l'absence de cycles internes, la non-pensée.
 3- Bouddha : l'éveil, l'esprit éveillé.
 4- Les êtres : l'esprit ordinaire confus.
 5- Neldjorpa : méditant, litt. celui qui s'adonne à l'état naturel.
  6- Dharmakaya : état absolu, litt. corps absolu.
  7- Les Nobles : Les boddhisatvas, ceux qui ont atteint l'éveil, au moins le premier niveau.
  8- Le fruit est le résultat final : le parfait éveil.
  9- détenir les actions difficiles signifie être capable de persévérance dans l'ascèse.
 10- Les trois devenirs sont des états d'êtres qui constituent tout le samsara. 
 Ce sont les mondes sous terre, sur terre et dans le ciel.

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