Début d'union des pensées et de l'esprit
Habituellement, on séjourne à la superficie de notre conscience, ce qui a pour conséquence de ressentir les pensées comme étant différentes de l'esprit. Elles semblent autonomes, tellement réelles que nous croyons d'emblée et sans le moindre doute à leur réalité. Cette certitude (erronée) les nourrit, leur donne de la force et le pouvoir de nous contrôler, nous jeter un jour dans la joie, un autre dans la douleur.... En bref, nous avons une grande habitude aux pensées.
Imaginons maintenant, que grâce à l'entraînement à la méditation, nous devenions capable de nous dégager de ce mouvement superficiel et perpétuel et que nous puissions nous établir dans un état plus profond, libre de références au passé et au futur, donc sans pensées, l'instant présent. En séjournant dans cette conscience dénudée et claire, les pensées passagères sembleraient de moins en moins réelles. Nous y croirions de moins en moins, jusqu'à finalement les reléguer dans le monde des chimères. En expérimentant l'irréalité des pensées, nous cesserions de les saisir.
Dans un même temps, la conscience dénudée et claire serait nourrie par notre concentration en elle, elle se renforcerait et nous commencerions à acquérir une certitude sur ce qu'est ou n'est pas l'esprit. Si alors nous examinons l'esprit et ses pensées, que trouvons-nous?
Un regard en arrière nous informe qu'avant une pensée impromptue, il y avait la conscience dénudée. Est-ce que cette pensée existait avant son apparition ?
Un regard d'anticipation nous informe qu'après la disparition de la pensée, la conscience dénudée sera toujours présente pour recueillir notre attention. Où sera passée la pensée ? Existera-elle encore ?
Un regard dans l'instant-même où se présente une pensée nous informe qu'elle apparaît clairement et que... Prenons l'exemple de la pensée d'une pomme verte. L'apparence est connue distinctement : ce sont les concepts 'pomme' et 'verte' avec ou sans l'image correspondante. Qu'en est-il de la réalité de cette apparence ? Exceptée la simple reconnaissance qu'une pensée vient à la conscience, il n'existe aucun angle par lequel la capturer et la retenir. L'apparence, le nom, la mémoire d'une 'pomme verte' n'a d'autre 'substance' que celle, intangible et insaisissable, de la conscience, comme des ronds dans l'eau qui prennent forme puis s'apaisent totalement, sans changer la nature de l'eau. On commence à comprendre l'indifférenciation des pensées et de l'esprit.
Reste à connaître la nature de l'eau en s'habituant d'abord à séjourner dans cette conscience claire et dénudée.