Tant que, dès lors que : vers la conscience unifiée
La pacification du mental (calme mental) mène à l'arrêt des fluctuations (pensées) de la conscience mentale. Dans un premier temps, il est plus habile d'utiliser un objet vers lequel faire converger le mental afin de mieux le maîtriser. Lorsque la capacité de concentration est stabilisée, on peut se passer de support et maintenir l'esprit centré en lui-même.
Lorsque les fluctuations mentales sont épuisées, la conscience mentale cesse de recueillir et de transmettre des informations, de se souvenir, d'analyser de façon raisonnée ou irraisonnée, d'associer des idées... Le mental est contrôlé, complètement apaisé et demeure imperturbable.
Cette immuabilité est la condition sine qua non pour que le sujet (le méditant/l'observateur) et l'objet (le support de concentration) deviennent un. Tant qu'il y a des fluctuations mentales, le sujet et l'objet sont différenciés et la conscience ne peut apparaître dans son éclat. Le mental est duel : en connaissant un objet, il ne peut en même temps connaître sa propre nature. Il ne peut simultanément percevoir son contenu (pensées) et percevoir sa nature fondamentale. Si l'on veut arriver à l'union du sujet et de l'objet, il est donc indispensable de s'établir en la non-pensée.
Tant qu'il y a un observateur, il y a la dualité.
Dès lors qu'il n'y a plus aucuns mouvements dans la conscience mentale, le sujet (méditant) et l'objet (support de concentration) vont progressivement se résorber en une unique expérience. La conscience s'unit à l'objet de focalisation (s'il y en a un). L'objet contemplé devient un avec la conscience. Cela se produit parfois lorsque nous contemplons longuement les flammes d'un feu, les vagues de l'océan ou le vent dans les arbres. Nous pouvons nous immerger totalement dans cette contemplation dépourvue de pensées, comme si nous devenions nous-mêmes les flammes, les vagues ou le vent. Tous les supports de concentration peuvent mener à cette expérience d'unification. Dans l'absence d'objet de focalisation, la conscience se stabilise imperturbablement en l'état d'unicité.
Dès lors qu'il n'y a plus de pensées, un état méditatif est expérimenté : le méditant/observateur est perçu dans toute la force lumineuse de sa présence. C'est l'éclat de la conscience qui émerge et irradie spontanément, sans aucune activité mentale, semblable à la surface calme, pure et lumineuse d'un lac.
Si le mental peut demeurer suffisamment longtemps sans fluctuation, une intelligence fine (la vigilance du discernement) continue l'exploration de cette expérience plus profonde. C'est la mise en oeuvre de la vue pénétrante qui va finalement éradiquer le reste de saisie duelle subtile. En sondant la nature fondamentale de ce « je » qui connaît l'expérience d'unification, elle découvre la nature de l'esprit non-duelle. La conscience, identifiée à sa propre source, se connaît elle-même directement en une expérience totalement intérieure, propre à l'esprit-même.