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Yoga Méditation en Velay
8 février 2014

Çamatha (calme mental), la tranquillité de l'esprit


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Extrait du livre de Charles Genoud «  La non-histoire d'une illusion », éditions Olizane.

(entre parenthèses la correspondance des termes que j'utilise ou des remarques)

Le premier degré, la quiétude mentale, prépare, selon les textes, aux concentrations supérieures des dhyâna et des recueillements (états de concentration supérieures et d'absorptions méditatives); cependant ces derniers ne sont pas indispensables à l'approfondissement de l'intuition (vue pénétrante). La plupart des méditants se contentent de développer ce premier degré.

La tranquillité de l'esprit est au cheminement spirituel ce qu'est la condition physique au joueur de tennis. Traditionnellement, les maîtres la comparent à une bougie qui éclaire une fresque et un esprit agité ou concentré ressemble à sa flamme tremblante ou immobile.

La concentration, occasionnellement présente lors des activités quotidiennes, se définit comme un facteur mental (une faculté mentale) distinct, capable de se fixer sur un objet de manière prolongée, sans fluctuation. Essentielle à l'accroissement de l'intelligence, elle permet aussi l'acquisition de pouvoirs magiques et de supersavoirs lorsqu'elle atteint les niveaux les plus profonds.

Pour calmer son esprit, le yogin (le pratiquant ou celui qui se consacre à la méditation de l'esprit) se libère des cinq désirs sensuels (les objets des cinq sens) et élimine les obstacles que sont la convoitise, la méchanceté, la torpeur, la dissipation et le doute. A cette fin, il se retire dans la solitude d'un ermitage que les textes décrivent ainsi : de l'eau pure à proximité, une vue dégagée afin de reposer l'esprit, exempt de dangers et si possible sanctifié par la présence de grands maîtres du passé. L'ascète prépare sa place de méditation. Sur le sol il dessine un svastika -symbole de fermeté- , puis sur des tiges d'herbe kuça, il place un tissu et un coussin. Assis en position du lotus (jambes en posture vajra ou posture de diamant) ou du demi-lotus (jambes en posture du boddhisatva)), le dos droit, la tête ni trop penchée ni trop relevée, il évite (respectivement) la torpeur et l'agitation. Les yeux mi-clos, il pose son regard à quelques pas devant lui. Pendant la période de pacification de l'esprit, l'ascète laissera de côté les autres pratiques vertueuses, ce qu'indique le singe (l'agitation générée par d'autres pratiques même vertueuses est à abandonner ponctuellement) cueillant des fruits (vertus) d'un bel arbre .

Le yogin choisit un objet particulier pour cultiver la concentration. Certains ascètes portent leur attention sur la sensation tactile produite par le mouvement de la respiration, d'autres méditent sur la nature claire et connaissante (clarté) de la conscience. Mais les supports de prédilection pour les adeptes du tantrisme sont les déités et leur mandala (c'est-à-dire des visualisations pures)

Le développement de la quiétude mentale, décrit minutieusement dans le graphique de çamata (calme mental), comporte neuf stades de progression. L'éléphant représente la conscience du méditant parce que, comme elle, il accomplit les plus grandes tâches lorsqu'il est maîtrisé, alors que, laissé à l'état sauvage, il occasionne les plus graves dommages. La couleur grise (noire) de l'animal indique la torpeur ou la lassitude de la conscience.

Le singe sautillant symbolise l'agitation grossière due aux objets désirables (objets sensoriels) alors que sa couleur sombre signifie l'agitation (un peu) moins intense (que la précédente) due aux objets indifférents aux yeux du méditant.

Les flammes de dimension décroissante montrent que l'énergie nécessaire à la concentration sera de moins en moins grande.

Le moine est le yogin, l'ascète ou le méditant. Au début, incapable de contrôler son esprit, il court derrière l'animal. Pour se concentrer, il dispose de deux alliés auxquels il devra faire appel judicieusement : l'attention (la vigilance du discernement, vigilance qui observe) et la mémoire (la vigilance du rappel). Cette dernière ramène l'esprit à son objet chaque fois qu'il s'en éloigne. Quant à l'attention (vigilance du discernement), elle observe la présence ou l'absence de l'objet. Les deux facultés sont représentées respectivement par la corde et le crochet ; elles devront vaincre les deux obstacles majeurs à la tranquillisation de la conscience, l'agitation et la torpeur, qui procèdent soit d'un excès soit d'un manque d'énergie. Le yogin veille à maintenir son esprit dans un état de tension équilibré, ni trop, ni trop peu tendu, comme la corde d'un luth correctement accordé. Pour modérer son énergie, le méditant réfléchira à la précarité de l'existence humaine, à la mort ; pour la renforcer, il pensera au bénéfice extraordinaire que présente un esprit capable de se concentrer.

Les objets des cinq sens, figurés par l'écharpe, la conque remplie de parfum, les fruits, les cymbales et le miroir, éveillent sans cesse les désirs sensuels et agitent la conscience.

Au début, le yogin médite pendant des périodes très courtes de quelques minutes chacune. Il divise une session en quatre ou cinq phases. Lors du premier stade de la « fixation initiale » (le placement), l'esprit ne peut garder son objet plus d'une dizaine de secondes ; égaré par l'agitation, il le perd constamment. Dès que la distraction surgit, l'attention (vigilance du discernement) doit la reconnaître et la mémoire (vigilance du rappel) replacer l'esprit sur son objet.

Quand le yogin peut se concentrer pendant une quinzaine de secondes, il atteint le deuxième stade de la « fixation croissante » (placement continu). Sur le dessin, le moine se rapproche de l'éléphant dont la tête laisse apparaître une petite tache blanche signe d'un premier apaisement.

Au troisième stade (rajustement), l'éléphant semble plus paisible, il se retourne vers le moine, sa couleur blanche s'accroît. Le yogin reconnaît immédiatement la distraction et replace rapidement son esprit sur son objet. La concentration ne dépasse pas une minute.

Sur le dos de l'éléphant apparaît maintenant le lièvre (en occident on aurait mis un chat en symbole de torpeur) qui représente la torpeur grossière et subtile. Due au relâchement de l'effort initial, une sorte de léthargie surgit alors, semblable à la somnolence qui envahit l'homme s'octroyant un peu de repos après une dure journée de labeur. Pris dans la torpeur grossière, l'esprit flotte dans une sorte de brouillard sans aucune clarté ; alors que dans la torpeur subtile, il manque de force, d'acuité, bien qu'il saisisse son objet clairement. L'usage de la mémoire (rappel) devient moins intense aussi la corde qui retient le quatrième éléphant se détend (quatrième stade : le parfait placement). Quand l'esprit s'est fixé sur son objet, il ne le quitte plus ; la distraction ne peut plus l'en soustraire. A ce point l'attention (vigilance du discernement) joue un rôle prépondérant, elle doit discerner le moindre signe d'agitation ou de torpeur, ce qu'indique le crochet que brandit le moine. Le yogin éprouve de plus en plus de joie, cependant il n'a pas complètement tranquillisé son esprit.

Le graphique continue de décrire le progrès de la méditation ; (cinquième, sixième et septième stades :respectivement maîtrise, pacification et parfaite pacification) le singe perd son pouvoir d'agitateur et passe derrière l'éléphant dont la couleur grise, la torpeur, disparaît graduellement.

Au huitième stade (unification) le singe a disparu ainsi que toute tache sombre car il n'y a plus ni agitation ni torpeur. Seul le petit effort nécessaire au début de sa concentration sépare encore l'ascète du but, effort qui sera inutile au neuvième stade (équanimité).

Après des mois, voire des années, de pratique, au terme du développement de çamata (calme mental), la dualité objet-sujet s'estompe du seul fait de la concentration, les apparences disparaissent ; le yogin a l'impression que sa conscience se fond dans l'espace et que son corps se dissout dans l'objet de méditation.

La tranquillité de l'esprit et l'équilibre des airs-énergies associés au fonctionnement de la conscience, sont interdépendants. Ces airs-énergies sont évidemment dissipés si la conscience l'est elle-même. Une observation superficielle des changements du rythme de la respiration en rapport avec les émotions permet facilement de noter cette interdépendance. La tradition orale regorge de techniques (ex : élimination des obstacles) permettant de surmonter les blocages d'énergie qui surgissent aux différents stades de la concentration.

En raison de l'équilibre profond du système psychosomatique, le yogin éprouve de grandes béatitudes (félicité). Le moine peut alors méditer pendant des heures, voire des jours, sans interruption ; il demeure inaccessible aux perturbations externes, le plus grand bruit ne le troublerait pas. Loin d'être inconscient, son esprit n'a jamais été si vigoureux (grâce à la force de l'esprit générée par la méditation).

On raconte qu'au Tibet certains yogins dépoussiéraient leur ermitage avant de méditer. Quand ils sortaient de leur concentration, à la vue de la poussière accumulée sur le sol, ils étaient surpris de constater que plusieurs jours s'étaient écoulés.

Après le moine volant en pleine extase (états de félicité dus au parfait calme mental), le graphique montre les deux chemins ouverts à l'ascète. L'un utilise la quiétude mentale pour découvrir la nature des phénomènes et du sujet (union du calme mental et de la vue pénétrante), il conduit à la libération (le but véritable). L'autre, poursuivant l'approfondissement de la concentration, parcourt les huit étapes (voies d'égarement qui élèvent spirituellement mais ne libèrent pas) des dhyâna et des recueillements qui permettent l'acquisition de supersavoirs et de renaître parmi les dieux (formes d'existences heureuses appartenant au samsara).

 

Retrouvez dans le blog les différentes étapes du calme mental :

Les quatre premières étapes du calme mental, enseignement du 04/11/2011

Calme mental : Maîtrise et pacification , enseignement du 12/12/2011

Parfaite pacification, unification, parfaite équanimité, enseignement du 20/01/2012

 


 

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